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Chaotique Bal au Théâtre Elizabeth Czerczuk

 

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Au 20, rue Marsoulan, à quelques pas de la place de la Nation (Paris), s’invente un art dramatique radical élaboré par la créatrice Elizabeth Czerczuk, dépositaire inspirée de la grande tradition des Kantor, Grotowski ou encore Stanislavski. 

Sa vision novatrice se nourrit d’une double exigence : transmission et fidélité à l’esprit de ses maîtres, mais également remise en question perpétuelle de la forme afin de proposer, spectacle après spectacle, un regard neuf et contemporain sur l’art, à l'heure où les conventions et la facilité commerciale sont encore trop souvent la norme.

 

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Le 29 juin, le T.E.C. prendra des airs de fête. Au cœur de la performance artistique Yvona, nous vous invitons à un Bal Chaotique des plus endiablés. Le tourbillon d’une valse tout aussi onirique que tempétueuse submergera l’espace scénique, envahissant l’intégralité de ce lieu insolite (bar, bibliothèque, ateliers, jardin, loges des artistes…) le temps de cette soirée festive. 

Entrez dans cette farandole qui vous permettra de découvrir tous les recoins d’un théâtre en action, véritable musée vivant consacré à la création dramatique. La soirée finira en beauté avec la présentation du programme de la saison prochaine, suivie d’un verre de l’amitié accompagné de petites surprises culinaires dans le jardin fleuri du T.E.C.

20 H - Yvona deuxième étape de création

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Commencez ou poursuivez votre cheminement au sein du processus artistique d'Yvona*, librement inspirée de l'œuvre de W. Gombrowicz.

Bénéficiez d’un avant-goût de la pièce complète qui verra le jour en octobre prochain. 

20 H 45 - Yvona s'emballe !

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Rejoignez la Cour dans son Bal surréaliste. Foulez la scène du T.E.C. au bras d'une princesse mutique, d'un prince étincelant, ou d'un roi charismatique au rythme d'une valse frénétique. 

 

21 H 15 - Présentation de saison 2023-2024

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La saison 2023-2024 s'annonce tout aussi éclectique qu'électrique. Quatre spectacles à l'affiche, une cinquième création en préparation, de nouvelles Lectures chorégraphiées et le grand retour du Festival des Formes Radicales* célébreront l'absurde sous toutes ses formes ! Le Laboratoire d'Expression Théâtrale* vous accueillera dès la rentrée pour assouvir tous vos besoins de formations en art dramatique.  

 

21 H 30 - Cocktail de l'amitié au bar du Théâtre

 

Renseignements et réservation :

· par téléphone au 01 84 83 08 80 – 06 12 16 48 39 ; 

· par courriel à contact@theatreelizabethczerczuk.fr

 

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Un Rêve halluciné, une Expérience singulière à nulle autre pareille

 

Dans le prolongement des œuvres précédemment créées, Elizabeth Czerczuk invite à vivre avec sa troupe un rêve halluciné, une expérience singulière à nulle autre pareille.    

Etonnant lieu, qui reflète dans sa conception même l’originalité et l’engagement profond de l’art théâtral selon Elisabeth Czerczuk. Une atmosphère rouge grenat, un beau jardin, un bar accueillant, divers objets insolites, dont d’extravagants mannequins… L’attente même du début de la représentation se révèle ici inhabituelle. Bientôt surgissent dans le bar deux militaires casqués inquiétants et grotesques à la démarche saccadée, rejoints ensuite par la vingtaine d’artistes qui composent la troupe. Une assemblée contrastée et saisissante d’aliénés fantomatiques qui nous convoquent dans l’antre du théâtre pour partager un rêve hallucinatoire, une expérience cathartique qui unit dans un même élan tout ce qui la compose. Singulière, cette expérience l’est assurément. Des costumes et maquillages expressionnistes, des mots proférés en plusieurs langues – française, polonaise, hongroise, espagnole, italienne… -, une chorégraphie des corps tout en intensité et contrastes, des relations ambiguës et exacerbées, la mort qui rôde, la vie qui échappe et l’enfance tendue comme un miroir hypnotique : la pièce déploie une succession de tableaux qui pointent la décadence et la mécanisation de l’époque et la nécessité de la création artistique. Si impérieuse qu’elle peut signifier le renoncement à la vie même. Nourrie par les maîtres de l’avant-garde polonaise des années 1950-1970 – Tadeusz Kantor, Jerzy Grotowski, Henryk Tomaszewski -, par l’œuvre de son auteur de prédilection, Stanislaw Ignacy Witkiewicz (1885-1939), l’esthétique singulière d’Elizabeth Czerczuk déploie un art total d’une grande beauté plastique, qui vise à toucher l’âme, à éveiller les consciences endormies.

Un théâtre radical, baroque et hybride

La pièce condense les œuvres précédemment créées : Requiem pour les artistes et son fascinant cortège de morts-vivants, Dementia Praecox 2.0, libre adaptation de la pièce Le Fou et la nonne (1923) de Witkiewicz, et Matka (La Mère en polonais), librement inspiré par la pièce éponyme du même auteur. Les tableaux créés apparaissent parfois abscons, répétitifs, insistants, mais aussi puissamment évocateurs, impressionnants de maîtrise et d’engagement, notamment lorsqu’ils se passent de mots. Le voyage emporte, et on recommande à tous les apprentis comédiens de venir découvrir cet art à part, à la fois dans sa forme et dans sa relation au spectateur. Les objets participent activement à l’élaboration de ce théâtre fondamentalement hybride, on retrouve les pupitres d’écolier de La Classe morte de Kantor, mais aussi des valises, des chaises, des armatures et prothèses exprimant toutes sortes de métamorphoses, obsessions et déclinaisons monstrueuses. Contre une société du divertissement, une « moutonisation définitive » des êtres, ce théâtre radical engage l’être tout entier : les tripes, les émotions et la pensée. L’artiste ici n’est pas un cérébral réfléchissant à une organisation rationnelle, c’est un « gringalet aux nerfs ébranlés » selon les mots de Witkiewicz. Un gringalet sacrément costaud. 

 

Agnès Santi, La Terrasse, 23 octobre 2018

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DEMENTIA PRAECOX. DANS UN CREUSET POÉTIQUE ET ONIRIQUE, LA PARABOLE DU FOU ET DU SAGE

Librement inspiré d’une pièce de Witkiewicz, ce spectacle, d’une grande force plastique, remet au goût du jour l’interrogation des années post-1968 sur le rapport scène-salle.

Lorsqu’on pénètre dans le théâtre, on laisse à l’entrée la quiétude bourgeoise, rassurante, d’un théâtre « parisien » pour découvrir un lieu curieux, un peu inquiétant, entre cabaret et chapelle à messes noires. L’ambiguïté est de règle. Le noir et le rouge dominent un espace peuplé de mannequins, grandeur nature, qui rappellent l’esprit décadent du Berlin des années 1920 : hommes en bas résille, femmes vêtues de dessous affriolants, etc. Éros et Thanatos sont les esprits des lieux. Le spectacle nous emmènera du bar décalé, étrangement peuplé, où on nous invite à entrer, vers la salle où se déroule le spectacle. Déjà un certain rapport scène-salle est aboli : ce sont les comédiens qui nous prennent par la main pour nous entraîner dans leur univers.

La violence d’un portrait-charge contre la »normalité » de la société 

La pièce de Witkiewicz, le Fou et la nonne, met en scène un poète, Walpurg, enfermé comme fou, que le médecin pense guérir par la psychanalyse et maintient « au calme » par l’usage abusif et répété de drogues. L’arrivée d’une nonne dans sa cellule va tout faire basculer. Reniant la « normalité » d’un monde inacceptable où s’étalent les absurdités de la religion, celle-ci jette sa cornette aux orties et sa vertu avec. Quant au poète, il retrouve le goût de créer. La pièce révèle un monde en plein dérapage où crimes, suicide et résurrection forment le soubassement de l’inacceptable. Qualifiée de « cabaret expressionniste » par les critiques lors de sa première présentation en 1959, la pièce, rédigée en une nuit, dit-on, sans relecture, développe un humour subversif et iconoclaste et fait de l’érotisme l’un des ressorts de la libération. Comme dans le Système du professeur Goudron et du docteur Plume d’Edgar Allan Poe, les fous deviennent les gardiens et les « sages » des aliénés dans un maelström où sombrent les conventions et les diktats sociaux. 

L’esprit et la lettre

De cette pièce, Elizabeth Czerczurk retient davantage l’esprit que la lettre. Le texte qui résonne par bribes tout au long du spectacle laisse la place à une vision apocalyptique et chorégraphiée plus que purement théâtrale. Très plastique et esthétiquement forte, la mise en scène s’inscrit d’emblée hors du réel, dans un univers onirique où l’hybridation dit l’abolition des frontières entre folie et normalité, où chaque personnage, pris au piège de son propre délire, dénonce en même temps les facteurs qui l’ont poussé vers la folie et ont fait de lui un être en marge, enfermé par la société qui ne peut tolérer le désordre qu’introduit sa déviance. Convulsive, elle rappelle la puissance intérieure invoquée par Artaud pour mettre à bas un certain théâtre, se libérer et retrouver une forme première, essentielle, détachée des conventions, un théâtre de la « peste ».

Entre Grotowski et Kantor

Polonaise, Elizabeth Czerczurk marche sur les traces de ses aînés. À Grotowski, elle emprunte la volonté de dépasser le clivage entre théâtre, danse, chant et rituel et son souci de rendre à l’acteur un jeu organique et immédiat. Elle reprend la « nécessité d’abolir la distance entre l’acteur et le public, en éliminant la scène, en détruisant toutes les frontières. Que les scènes les plus drastiques se produisent face à face avec le spectateur afin qu’il soit à portée de main de l’acteur, qu’il sente sa respiration et sa sueur. » Les spectateurs de Dementia praecox ne sont pas séparés des aliénés. Point de scène surélevée, de vision purement frontale. L’espace du jeu descend en pente douce vers une allée centrale de part et d’autre de laquelle sont assis les spectateurs. Nous sommes au milieu de ce monde en délire. Bientôt nous serons conviés à y participer en devenant nous-mêmes, l’espace d’un moment, les partenaires des acteurs dans un bal où les frontières se délitent.

De Kantor et de Cricot 2, elle reprend la conception radicale héritée du dadaïsme, la mise en accusation du pouvoir et de ses abus, de la violence faite aux hommes, mais aussi les réminiscences qui font remonter à la surface les revenants de la mémoire, avec leurs lambeaux d’enfance, la force plastique de ces visages blanchâtres, livides, à travers lesquels parlent d’autres voix que les leurs, qui font surgir autre chose que ce qu’ils sont. Images « de la fin de la vie, de la mort, de la catastrophe, de la fin du monde. Non sans raison ».

Au-delà du « quatrième mur »

On l’aura compris : pour profiter pleinement du spectacle, il faut accepter de laisser au vestiaire sa peau de spectateur consommateur, céder un peu de soi, lâcher la bride pour passer de l’autre côté du miroir. Ce qui fait le prix du spectacle en fait aussi la limite. Lorsque dans les années 1970, l’espace scénique se trouvait réinterrogé, remis en cause, contesté par des metteurs en scène aussi divers qu’Antoine Vitez, Luca Ronconi ou Ariane Mnouchkine, on était de plain-pied avec une société qui questionnait tous ses présupposés, repensait le rapport scène-salle comme les relations entre les individus. Le théâtre et la vie allaient de pair. Dans la phase de rétrécissement que nous connaissons aujourd’hui, dans ce retour vers des « valeurs » stabilisantes et stables, que penser de ces formes qui affirment leur divorce d’avec la société ? Elles paraissent à la fois fascinantes par leur permanence entêtée et en même temps dérisoires tant la machine à araser tout ce qui dépasse, tant l’équarrissage pour tous ont été impitoyables. Alors, faut-il se féliciter que le théâtre retrouve aujourd’hui d’anciennes valeurs contestataires ou penser que cette remise au goût du jour a des allures de musée de cire où sont exhibées les vieilles gloires ? S’il n’est pas possible de lever clairement la contradiction, la gêne demeure…

 

Sarah Franck, Art-chipels.fr, 9 janvier 2018

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Théâtre Elizabeth Czerczuk
20 rue Marsoulan
75012 Paris
01 84 83 08 80/ 06 12 16 48 39
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