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Vision d’artiste

Vision d’Elizabeth Czerczuk

Le T.E.C n’a pas sa place dans le théâtre dramatique conventionnel, même si le texte littéraire est toujours l’inspiration de ses actions scéniques. Mais l’outil de base est le corps, non le verbe.

Dans l’élaboration de mes spectacles, je travaille aussi bien l’écrit qui m’intéresse que le « récit du corps » de l’acteur, inscrit dans la spécificité de son mouvement, de sa respiration, de sa physionomie et de son expression corporelle individuelle originale. Ce n’est qu’au contact de ces deux organismes, texte et corps de l’artiste, que naissent la poétique et la forme des actions scéniques auxquelles je donne le nom de théâtre d’une dramaturgie du corps.

Dans ma conception, le théâtre est dialogue, un dialogue total qui passe par l’instrument sensible qu’est le corps qui, sur scène, trouve sa place à différents niveaux de l’univers, verbal, non verbal et symbolique, et s’exprime souvent au travers d’un message poétique. Mais le verbe ne fait qu’accompagner le corps dont il s’extrait, le corps restant maître de ce duo. Dans notre théâtre, le corps se fait verbe, signe d’accordance. La corporéité comprise comme organisme, comme rythme, notation matérielle vivante d’émotions et de sentiments, est signe des heurs et malheurs de la vie humaine, pulsion élémentaire qui crée toutes les formes de la « machine du désir », comme dirait Gilles Deleuze. Le théâtre de la dramaturgie du corps est comme la littérature cette sorte de miroir dont parle Stendhal, qui reflète les aventures et expériences des hommes qui passent sur ce chemin. Dans mon théâtre, je vais au-delà du canon de la représentation pour passer du côté d’images et de symboles transfiguratifs, surréalistes et poétiques au sens large. Ici, c’est aussi la musique qui parle, aussi forte que le verbe, même si plus éthérée et sollicitant une autre sensibilité du spectateur. Mes « tableaux vivants » qu’inspire l’œuvre littéraire se fondent en un tout dans la musique et l’équivalent scénique du monde représenté.

Le T.E.C est issu de la tradition de l’avant-garde du théâtre, mais il la dépasse. Je qualifierais plutôt mon théâtre de pratique de trans-avant-garde au sens où nous ne nous ouvrons pas seulement comme le faisaient les maîtres de l’avant-garde à une « fuite vers l’avenir » et à un progressisme d’enthousiasme, mais avant tout et dans l’esprit du temps à un parcours d’espaces divers et d’inventions culturelles. Nous puisons à des sources aussi bien de notre temps que d’époques anciennes. Dans ces recherches de formes d’expression adéquates à notre temps, l’intention que n’avaient jamais perdue les artistes de l’avant-garde théâtrale dans leur processus dramaturgique me reste proche : je crois que le théâtre peut être un lieu d’accompagnement, d’initiation et de soutien d’un développement spirituel. Le spectacle théâtral doit prendre, il doit fasciner, voire hypnotiser, et non se faire un moyen de combler l’ennui d’un temps libre à l’extérieur. Ni l’avant-garde ni ses héritiers, au nombre desquels je me compte, ne l’accepteront. Et même si mon théâtre est né d’une précieuse tradition de lutte pour le développement spirituel de l’homme, il est aussi le laboratoire de recherche d’une forme suffisamment vaste pour rendre le rythme et le caractère de notre temps. Mon ensemble multilingue, fait de personnes venant de mondes de l’Ouest et de l’Est, et moi-même, nous nous sentons une troupe d’artistes qui se meuvent tels des pèlerins dans le temps, et s’ouvrent à des messages de cultures diverses pour édifier ensemble une arche de compréhension dans cette « tour de Babel » des langues que nous employons. Car le théâtre sert à construire une compréhension. Nous touchons des domaines de la mémoire collective, des expériences culturelles et des rêves des hommes du passé qui ne se sont jamais effacés de cette mémoire, et restent importants pour nous. Nous ne tolérons pas le dogmatisme et respectons tous les choix, tout en vénérant nos sources, ces « messages de pouvoir » qui nous ont formés et que nous osons interpréter et réinterpréter afin qu’ils enrichissent notre connaissance de nous-mêmes et de ce qui nous entoure.

La chorégraphie est, comme je le crois, une magie de l’espace, un geste transculturel apte à transformer l’esprit dans le mandala mobile de la réalité. Nous nous ouvrons aux autres et à de nouvelles expériences et visions scéniques. Que ces expériences jouent avec celles des personnes qui viennent nous voir et souhaitent créer avec nous le sens de notre travail par une participation active. Les portes de notre théâtre sont ouvertes à tous car, comme l’écrit Czesław Miłosz dans son Ars Poetica, l’utilité en est de nous rappeler la difficulté de rester la même personne, car « notre maison est ouverte et il n’y a pas de clef dans la porte. Entrent et sortent des hôtes invisibles ». Je suis persuadée que le théâtre a, comme la poésie, un pouvoir cathartique d’ouverture de la conscience au fondement d’une condition humaine faite d’éphémère, d’apparence et de mystère.

                                                                                             Par Elizabeth Czerczuk

 

 

 

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